La revanche des cuissardes 

Sep 15, 2025 | Brands, Fashion

Encore associées à une esthétique pop des années 2010, les cuissardes font aujourd’hui un retour remarqué sur les podiums. Longtemps boudées, elles grignotent progressivement du terrain : en route vers nos dressings. Portées en total look monochrome, intégrées à des jeux de volume ou détournées dans un esprit plus utilitaire, elles s’éloignent de l’imaginaire ultra-sexy qui leur collait à la peau pour investir de nouveaux territoires. Décryptage. 

Un énième revival 

Oui, mais un revival à plusieurs facettes. Si les grandes enseignes ont quelque peu relégué la cuissarde au second plan ces dernières saisons, les maisons de mode, elles, ne l’ont jamais vraiment abandonnée. Cette saison, elle s’infiltre partout. Chez Ferragamo, elle s’inscrit dans une silhouette ton sur ton, entièrement verte, jouant sur l’allure monochrome. Tout comme Alaïa et Balmain, qui préfèrent la faire disparaître dans la continuité de la tenue : les bottes deviennent une seconde peau, presque invisibles, comme un prolongement naturel de la jambe. Chez Gucci, elle devient l’élément central d’une composition colorée audacieuse, où bordeaux, moutarde et vert anis s’entrelacent dans un camaïeu ultra-sophistiqué. Chloé, fidèle à son esprit bohème, propose une version plus fluide : la cuissarde se devine à travers la transparence d’une robe. Son tissu est volontairement coincé dans la botte, attirant l’œil et créant un contraste entre la matière légère et la rigidité du cuir. Résultat ? Une silhouette qui en impose, sans perdre de sa légèreté.

Ce sont souvent les détails, même les plus discrets, qui font toute la différence. Isabel Marant y insuffle du caractère avec des zips horizontaux, tandis qu’Acne Studios mise sur des hanses inattendues, presque utilitaires. Chez Bottega Veneta, les cuissardes se parent de cuir tressé, une véritable signature de la maison, et deviennent le terrain d’expression du savoir-faire artisanal. À l’inverse, Courrèges et Balenciaga optent pour la simplicité extrême avec des modèles ultra-minimalistes, de véritables chaussettes à talons qui ravivent l’esprit des années 2010.

Les hommes, loin d’être en reste 

Ils s’approprient aussi la cuissarde, et pas timidement. Chez Saint Laurent, dans la collection automne-hiver 2025 pensée par Anthony Vaccarello, les modèles masculins arpentent le podium dans des cuissardes rigides, ajustables à la cuisse, qui fusionnent tantôt avec un pantalon en cuir tantôt se détachent d’un pantalon de costume. Inspirées du vestiaire BDSM, elles apportent un souffle nouveau aux silhouettes masculines. L’acteur Pedro Pascal les a même adoptées sur tapis rouge à l’occasion de l’avant-première de la série The Last of Us

À l’autre extrémité du spectre, certaines maisons explorent une approche plus fonctionnelle. Aigle, par exemple, détourne ses propres codes utilitaires en revisitant les bottes de pêcheur XXL. Moins dramatiques, mais tout aussi affirmées, elles traduisent une volonté d’ancrer la cuissarde dans notre quotidien, loin des podiums et des avant-premières. Dans les deux cas, la cuissarde masculine semble vouloir se démocratiser. Il ne reste plus qu’à choisir de quelle botte on se chauffe… 

Cuissardes : mode d’emploi 

À même la peau, elles se glissent sous une robe pull ou une chemise oversized, pour une silhouette aussi confortable que sensuelle. Sur un pantalon en cuir, elles jouent la carte du ton sur ton, empruntant des codes aussi militaires que BDSM. Et pour celles — et ceux — qui ont gardé une tendresse pour les années 2010, elles s’enfilent au-dessus d’un jean ultra-moulant, comme un clin d’œil assumé aux heures de gloire des silhouettes pop à la Ariana Grande

En témoigne Marie Gaguech, créatrice de contenu récemment en voyage presse pour la marque Longchamp, qui a opté pour une cuissarde XXL. Entre une version noire et une bordeaux, son cœur balance — preuve que, la cuissarde continue de faire de l’effet. 

Loin de se contenter d’un simple retour nostalgique, la cuissarde s’impose comme une pièce en mutation. Réinventée par les maisons, réappropriée par les influenceuses comme par la mode masculine, elle échappe aux étiquettes. Plus versatile, parfois même conceptuelle, elle confirme cette saison qu’elle s’installe à nouveau au premier plan — et cette fois, pour de bon.

Article de Julie Boone.