À Paris, Cèucle tisse les fils d’une mode engagée

Sep 18, 2025 | Brands, Fashion

Fondée en 2021 par Auriane Blandin-Gall, la marque parisienne Cèucle s’impose doucement mais sûrement comme l’un des nouveaux visages d’une mode engagée, unisexe et durable. Entre esthétique minimaliste et démarche éthique affirmée, elle vient de recevoir le Prix Révélation des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris. Portrait d’une marque faite pour durer. 

Un vestiaire pensé pour durer 

Diplômée de la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, Auriane Blandin-Gall fonde Cèucle avec l’envie de proposer un vestiaire contemporain affranchi des saisons et du rythme effréné de la fast fashion. Loin d’un système qui remplace une collection par une autre tous les six mois, la créatrice défend une temporalité longue et des pièces qui se répondent d’une saison à l’autre. « Rendre obsolètes des pièces qu’on a créées six mois avant, c’est un contresens », explique-t-elle.

Chez Cèucle, le rapport au temps dépasse le cycle des collections : il se joue aussi dans le processus même de création. La marque propose à ses clients de passer les portes de l’atelier, d’entrer dans l’envers du décor, pour créer sur-mesure une pièce pensée pour durer toute une vie. Il ne s’agit plus d’une simple expérience de shopping, mais d’un lien plus profond à ce que l’on porte — et à ceux qui le fabriquent.

Les vêtements Cèucle sont ainsi pensés comme des compagnons de vie : à la fois modulables, sobres et confortables, ils s’inscrivent dans une esthétique que la marque qualifie elle-même de « discrète et durable ».

Entre workwear et poésie japonaise

Auriane Blandin-Gall parle de « vêtements timides » pour qualifier ses créations : des pièces qui ne s’imposent pas d’emblée, mais se dévoilent avec le temps, dans la subtilité des coupes, la douceur des textures et la justesse des teintes.

La marque revendique une silhouette ample et fluide, où les volumes inspirés du workwear se conjuguent à des inspirations japonaises et scandinaves. Chaque pièce explore les contrastes de matières issues exclusivement de stocks dormants, dans une palette de camaïeux et de demi-teintes intemporelles. Loin des effets tape-à-l’œil, les vêtements Cèucle misent sur l’élégance du détail : une blouse olive à liens amovibles, un kimono en denim brut à porter à même la peau ou sur un t-shirt, ou encore un pantalon à pinces évasé, élastiqué à la taille, conçu pour accompagner les évolutions du corps — et même se partager, en couple par exemple.

« Le vêtement a le genre qu’on lui donne, il est important qu’il soit un terrain de jeu »

Pour la créatrice, le vêtement est un espace d’expression et de liberté. Une vision inclusive qui séduit une nouvelle génération de personnalités, à l’image du rappeur Tuerie, qui a récemment adopté le kimono en denim pour un de ses concerts. 

Un engagement concret, au-delà du style

Cèucle s’inscrit aussi dans une logique de circularité à tous les niveaux. Le nom même de la marque évoque ce lien, qu’il soit amical, solidaire ou durable. C’est donc naturellement que la créatrice s’est tournée vers l’atelier d’insertion professionnelle Mode Estime, basé à Saint-Denis, pour la confection de ses pièces. L’ensemble du processus de création est pensé de façon responsable, sans jamais renoncer à l’exigence du détail ni à la qualité du geste.

Cette approche éthique et exigeante a d’ailleurs été récemment saluée par le jury des Grands Prix de la Création de la Ville de Paris, présidé cette année par Vanessa Bruno, qui a décerné à Cèucle le Prix Révélation, assorti d’une dotation de 18 000 euros. Une reconnaissance institutionnelle pour cette jeune marque indépendante, qui s’affirme, à contre-courant de la fast fashion, comme l’un des noms à suivre de la scène mode parisienne.

Pour découvrir l’univers de Cèucle et rencontrer sa fondatrice, la marque organise un pop-up parisien du 18 au 21 septembre, au 13 rue de Saintonge (Paris IIIe). Une occasion rare d’en savoir un peu plus sur son approche, et peut-être de repartir avec l’un de ces « vêtements timides » conçus pour nous accompagner bien au-delà d’une seule saison. 

Article de Julie Boone