Rencontre avec Harrison Garret, réalisateur lauréat de l’appel à projet Nowness x Nike x Courir 

Nov 25, 2025 | Brands, Culture, Interview, Talents

Harrison Garret, réalisateur, fait partie des trois lauréats de l’appel à projet Nowness x Nike x Courir lancé en octobre, invitant de jeunes talents à imaginer un court-métrage autour d’un parcours inspirant. Son film Dreaming Again a été dévoilé lors d’une soirée au Grand Palais Immersif, aux côtés d’une projection XXL de Contre-Courant, réalisé par le collectif Kourtrajmeuf autour de Garance Vallée. Pensée comme une célébration de la création française, la soirée a mis en lumière une nouvelle génération d’artistes. Pour Harrison, cette sélection marque une étape importante : en plus d’être diffusé par Nowness, média vidéo de référence, Dreaming Again révèle la vision sensible d’un réalisateur déterminé à faire émerger d’autres talents.

Des rencontres à l’origine du film 

Il est parfois difficile de revenir à la genèse d’un projet tant les étapes ont pu être nombreuses et le parcours semé d’embûches. Harrison, lui, retrace précisément les différents moments qui ont permis la réalisation de ce film. Et c’est avant tout une histoire de rencontres. D’abord avec Amina Idrissi-Kaitouni, fondatrice d’AE Agency, entreprise dédiée à l’image et l’événementiel. C’est elle qui introduit Lydia Lhote Lazaar, artiste franco-algérienne née en Tunisie, à la pratique plurielle entre art, artisanat et design, au réalisateur. C’est dans le cadre de la participation de l’artiste à Art Basel Paris, autour du thème du rêve, que la rencontre se fait. 

Quand j’ai rencontré Lydia, je traversais une période où j’avais besoin de retrouver une forme de sincérité dans les images.

@harrisongarret

Harrison décide de passer le cap et d’échanger avec Lydia afin de « comprendre son processus, sa manière d’habiter son art, et voir si cette matière pouvait donner naissance à un court-métrage ». Très vite, le réalisateur est captivé par la complexité de la personnalité de Lydia. Il dit à son sujet : « [Elle] a quelque chose de lumineux, de joyeux, presque [d’]enfantin, mais aussi une conscience très fine des masques que l’on porte en société ». 

Lydia avance avec une grande force intérieure, tout en laissant apparaître ses doutes et sa quête. C’est dans cette tension que j’ai eu envie de la filmer.

@harrisongarret

Filmer la frontière entre rêve et réalité 

Le film fait moins de trois minutes, générique compris. Et durant cette poignée de secondes, Harrison parvient à arpenter la corde, très fine, qui sépare le rêve de la réalité. Le réalisateur avance qu’il « essaie de saisir et de noter les détails du réel (une lumière, un geste, un silence) pour les réinjecter ensuite dans [ses] images ». Il y parvient en alternant des plans à l’extérieur dans un paysage qui semble sans limite, et d’autres à l’intérieur, dans un espace confiné, réconfortant. Deux moments tout aussi cruciaux pour l’artiste qui se confronte au monde extérieur, s’en nourrit, pour mieux revenir à elle-même une fois, seule, face à la matière. Harrison parle de l’espace intérieur comme étant le lieu « où l’artiste dialogue silencieusement avec sa matière ». Si la voix de Lydia résonne pendant le film, ce sont ses mains que l’on voit s’afférer. Pour Harrison, les mains de Lydia et la matière échangent, formant presqu’un « récit en soi. »

@aminaidrissikaitouni

Je viens du documentaire sportif, un espace où l’on raconte avant tout par l’action et le mouvement plutôt que par les mots.

À partir des mains, tout le corps. C’est d’ailleurs un des prochains sujets du réalisateur qui aimerait filmer « des corps en mouvement dans des espaces où l’on ne les attend pas. J’aimerais revenir à un projet autour de la danse, mais avec une dimension plus chorale, impliquant de nombreux danseurs ». 

Le maître-mot : oser 

Cette voix off semble correspondre aux pensées de Lydia, presqu’à l’état de demi-sommeil. Moment à la fois très intime et universel. L’ultime phrase du film nous sort du songe comme pour nous interpeller. Lydia semble nous mettre au défi avec ces quelques mots : « there is always a possibility for those who dare to cross ». Une formule qui fait directement écho au parcours de Lydia mais aussi à celui du réalisateur : « Avant de faire des films, je travaillais dans la finance ; à un moment donné, j’ai décidé de traverser le seuil et de changer de vie. Je crois que tous les artistes connaissent ce vertige : oser franchir une limite, même sans savoir ce qui les attend de l’autre côté ».

@harrisongarret

Au coeur de Dreaming Again donc, Lydia Lhote Lazaar. C’est aussi la céramiste qui a repéré l’appel à projet lancé par Nowness et Courir. C’est ensuite Harrison Garret qui l’a soumis « instinctivement » à participation. Pour le réalisateur, cette sélection est un honneur, lui qui suit ce média dédié à la vidéo, véritable pointure dans le milieu, depuis plusieurs années : « leur ligne éditoriale, leur sens du détail et leur liberté formelle sont pour moi de véritables sources d’inspiration ». 

Aux côtés d’Harrison et Lydia, dans le dédale du Grand Palais Immersif, la projection des films de Thomas Gerard (Echoes of Darkness) et Marion Renerre (Le Rayon est Vert), les deux autres lauréats de cet appel à projet inédit. C’est aussi une façon pour ces réalisateurs de se rencontrer, de créer du lien. « Les deux films m’ont touché, chacun à leur manière. Echoes of Darkness m’a séduit par son esthétique : la pellicule apporte une texture particulière, et la précision des plans comme du montage crée une vraie immersion. Le Rayon est Vert, lui, m’a marqué par son scénario, son jeu d’acteurs et cette justesse dans la manière de capter l’émotion naissante entre deux personnes. »

Je suis très fier d’être lauréat à leurs côtés et impatient de découvrir leurs prochaines créations.

En parlant d’autres créations et notamment de danse avec le film de Marion Renerre, Harrison Garret signe pour l’Opéra de Paris, un court métrage sur Chun Wing Lam, premier danseur chinois à être y faire son entrée. Il est d’ailleurs disponible en accès libre sur la plateforme de l’Opéra de Paris : Paris Opéra Play (Pop).

Pour ne rien rater du travail d’Harrison : @harrison.ukfr

Article par Julie Boone.