À seulement 25 ans, Olivier Rousteing devient le directeur artistique de Balmain, et marque l’histoire : il est le premier et unique designer noir à la tête d’une maison française. Sa nomination, en 2011, est historique et symbolise l’arrivée d’une nouvelle ère pour la mode française, plus inclusive mais aussi plus digitale. Pendant 14 ans, il va transformer Balmain, faire exploser son chiffre d’affaires, imposer sa patte spectaculaire et attirer les plus grandes stars sur ses podiums. De la Balmain Army, avec ses robes brodées tape-à-l’œil, aux silhouettes sculpturales, en passant par ses participations remarquées au Met Gala, Rousteing laisse derrière lui un héritage flamboyant. Aujourd’hui, il tire sa révérence chez Balmain, laissant la communauté de la mode impatiente de le voir s’épanouir ailleurs.
La Balmain Army : un régiment de muses iconiques
Dès ses débuts, Olivier Rousteing comprend que la mode ne se limite plus aux podiums : elle s’expose aussi sur Instagram, sur les réseaux sociaux, dans des collaborations avec les célébrités. Il crée alors la Balmain Army, un véritable régiment de muses réunissant des personnalités publiques et des mannequins emblématiques. Parmi elles : la chanteuse Rihanna, Jourdan Dunn, figure de la mode britannique, et Naomi Campbell, légende des podiums.


Cette armée est bien plus qu’un simple casting : elle représente les nombreuses influences de Rousteing mais aussi son flair. En avance sur son temps : il habille Kim Kardashian alors que les collaborations avec les influenceuses sont encore assez rares. Véritable muse, elle défile pour la maison et pose pour la campagne masculine Printemps-Été 2015, aux côtés de son ex-mari Kanye West, sous l’objectif du photographe Mario Sorrenti.
La saison suivante, ce sont les sœurs Jenner qui deviennent les nouvelles ambassadrices de Balmain. Ce choix, à la fois stratégique et visionnaire, mêle habilement « esprit de famille » et coup de communication audacieux. Il contribue autant à la montée en puissance des influenceuses dans la mode qu’au rayonnement du jeune designer. Avec la Balmain Army, Olivier Rousteing redéfinit la communication d’une maison de couture : chaque célébrité devient un ambassadeur vivant, incarnant autant l’esprit de la marque sur les réseaux sociaux que sur les tapis rouge.
Un style reconnaissable entre tous, à l’inverse du quiet luxury
Le style d’Olivier Rousteing est immédiatement identifiable. À l’inverse du quiet luxury, minimaliste et discret, la femme Balmain s’affirme, prend de la place et impose sa présence.
Dans les années 2010, ses silhouettes se distinguent par des épaules larges, des tailles marquées et des détails brodés. Cette opulence calculée transforme chaque robe, chaque tailleur, en une véritable mise en scène de la féminité. Rousteing ne se contente pas de créer des vêtements : il conçoit des armures modernes.



En 2019, il relance la couture chez Balmain, confirmant son savoir-faire et son audace avec des créations hautement travaillées.
Les années 2020 marquent un léger virage. La femme Balmain devient tantôt glamour, tantôt bohème, et l’esprit de la maison se décline désormais au-delà des podiums : avec le lancement de la ligne beauté. La signature Balmain se porte désormais sur le bout des lèvres et se glisse dans un sac à main.
Une maison toujours dans la course
Le Met Gala 2025 illustre parfaitement la capacité de Balmain à incarner l’air du temps : Tyla et Rosalía y représentent la nouvelle génération de la maison, vêtues de créations ultra-sculpturales. Fidèle à son exigence du détail, Rousteing ajuste lui-même la robe effet sable de Tyla, en deux coups de ciseaux.



En 14 ans, Olivier Rousteing a transformé Balmain : il a su faire de chaque création un symbole de puissance féminine. Dans les années 2010, c’était Kim Kardashian qui incarnait la modernité et le pouvoir de la maison ; aujourd’hui, c’est Rosalía et Tyla qui portent le flambeau, confirmant la capacité de Rousteing à anticiper les icônes de chaque génération.
Son départ marque la fin d’une ère, mais rappelle surtout l’exceptionnelle créativité qui a fait de Rousteing l’un des designers les plus influents de sa génération. Visionnaire, il a su réinventer les codes de Balmain avec une signature forte, immédiatement reconnaissable, mêlant précision couture et sens aigu de la modernité. Balmain reste une maison prestigieuse — tirée par Antonin Tron — mais c’est désormais vers le prochain chapitre de Rousteing que les regards se tournent : un créateur dont l’audace continuera sans aucun doute à façonner la mode contemporaine.
Article de Julie Boone.








