Copenhague Fashion Week : 5 labels à suivre de près

Août 8, 2025 | Brands, Fashion

Reconnue comme la Fashion Week la plus influente d’Europe du Nord, la Copenhagen Fashion Week revient deux fois par an avec une programmation engagée. Pendant quelques jours, acheteurs internationaux, journalistes et curieux se pressent dans la capitale danoise pour découvrir les collections de marques éco-responsables. Tour d’horizon de cinq labels à suivre de près cette saison.

La mode liquide de Forza Collective

C’est la quatrième collection de la marque fondée par Nikolaj Kunsthal. Pour cette saison, Forza Collective revient à son essence avec une série de pièces fortes. La robe longue fluide est l’un des éléments phares : à fines bretelles, en satin voire légèrement transparente, elle prend un virage preppy, comme avec cette robe chemise associée à un jupon plissé.

La collection, pensée comme un vestiaire à s’approprier, joue la carte de la personnalisation. Parmi les 30 looks présentés, certaines silhouettes se démarquent par cette coupe au carré qui efface le regard, d’autres par leur esthétique très 90’s : col roulé façon débardeur et lunettes ovales fumées. Les détails textiles — notamment sur les robes et brassières — rappellent les aspérités d’une coquille, renforçant l’aspect liquide de l’ensemble. Le final en témoigne : une robe en partie transparente, structurée façon tutu, accentue les hanches comme une méduse en mouvement.

Bonnetje : tailoring second degré

La collection SS26 s’intitule Breakable et s’inscrit dans le cadre du programme Fashion in Motion du V&A Museum à Londres. Un événement prestigieux auquel ont participé par le passé Alexander McQueen, Vivienne Westwood ou encore Christian Lacroix. Cette année, Bonnetje rejoint la sélection aux côtés d’Alectra Rothschild / Masculina, Berner Kühl, Stamm et Stem.

Bonnetje revendique un engagement fort en faveur de l’upcycling, récupérant d’anciens costumes pour créer des pièces uniques. Dans cette nouvelle collection, un pantalon noué sur la poitrine devient top, un costume satiné marron est transformé en tailleur féminin, les restes d’une veste se devinent encore sur une jupe. La lingerie ancienne est omniprésente : dentelles, porte-jarretelles portés sur des chemises, tops nuisettes retournés ou déstructurés. Une collection qui interroge la circularité du vêtement, entre détournement et mémoire textile.

Rare Review : entre textile domestique et tech-wear

Basée à Stockholm, Rare Review est portée par le duo suédois Josephine Bergqvist et Livia Schück. Leur travail s’appuie sur la récupération de textiles domestiques — nappes, tabliers, draps — qu’elles détournent en silhouettes féminines. Les pièces, souvent associées à des accessoires flottants (foulards, cravates tordues), jouent sur les contrastes. 

Aux pieds, les mannequins portent des Puma décorées de noeuds, tandis que certaines jupes intègrent des armatures visibles, renforçant l’idée de transparence sur le processus de création. Les épaules, tantôt rembourrées, tantôt tombantes, soulignent ce parti-pris de montrer l’envers du décor. Un vestiaire poétique, brut et assumé.

Skall Studio : dernière danse

Créée en 2014 par Julie et Marie Skall, la marque danoise a toujours mis l’écologie au cœur de sa démarche. Sans cuir ni fourrure, elle privilégie les fibres naturelles conçues pour durer. Cette saison, Skall Studio pousse encore plus loin son engagement en présentant une ligne de chaussures réalisées à partir de bio-matériaux (cactus, orange), proches du cuir. Les modèles — ballerines à bout pointu ou rectangulaire — s’inscrivent dans un vestiaire inspiré par la danse.

Ici, place à la fluidité : 33 silhouettes aux lignes épurées, dans des tons neutres, ponctuées de touches de rouge. Le vestiaire champêtre — robes à volants, foulards noués à la tête ou à la taille — glisse peu à peu vers une proposition plus citadine, plus sombre, où le denim fluide rencontre de grands cabas effet cuir.

The Garment au galop

Pour la saison Printemps-Été 2026, Charlotte Eskildsen puise son inspiration dans l’univers équestre. 28 silhouettes minimalistes composent cette collection, construites autour d’une palette neutre — beige, marron, blanc, noir — ponctuée de touches délicates de rose pâle. Les bottes hautes qui recouvrent l’intégralité du mollet apportent une certaine rigidité qui tranche avec une collection empreinte de fluidité.

Côté matières, la popeline de coton rencontre le crochet, dans un jeu d’oppositions maîtrisé entre aplats de couleur et effets de transparence. Pour couronner le tout, un esprit bohème traverse l’ensemble de la collection, à travers les volants, les sacs en crochet et les broderies ton sur ton. The Garment réaffirme son identité singulière : un équilibre subtil entre rigueur et légèreté, modernité et héritage, pour une mode consciente, résolument élégante.

Article de Julie Boone