De TikTok à Lollapalooza, le grand saut d’INJI

Juil 30, 2025 | Culture, Music

Quelques minutes après son concert sur la main stage de Lollapalooza Paris, nous avons rencontré INJI, artiste hyper-pop devenue virale sur TikTok. Un succès si grand qu’elle a changé de carrière, délaissant la finance pour se concentrer sur la musique. Rencontre avec une artiste généreuse à l’énergie communicative. 

Avec plus de 4,5 millions de publications sur TikTok utilisant son morceau Gaslight, INJI s’impose comme l’un des nouveaux visages de l’hyper-pop. Derrière cette ascension fulgurante se cache pourtant un parcours plus classique : artiste turque formée au piano dès l’enfance, elle a longtemps exploré d’autres univers musicaux, notamment au sein de groupes de jazz pendant ses études supérieures. Aujourd’hui, c’est en solo, portée par une énergie brute et une liberté totale, qu’elle fait danser — et hurler — la nouvelle génération.

Une première pour l’artiste 

Après l’édition de Berlin, INJI poursuit avec Lollapalooza Paris et pas sur n’importe quelle scène, une des deux principales. « C’était la première fois que je chantais sur une main stage, confie-t-elle. Je n’avais jamais vu des gens si loin dans le public ». Les festivals sont l’occasion idéale pour les artistes de toucher une audience plus large que d’habitude. Arrivés dès l’ouverture des portes, les fans d’Olivia Rodrigo sont venus peuplés les rangs des fans d’INJI. Des fans plus jeunes qui jouent le jeu à fond. Elle l’admet avec humour : « Je ne suis pas vraiment habituée aux fangirls. » Elle précise : « D’habitude, je joue dans des clubs pour un public plus âgé ». 

Une fois le concert terminé, INJI enchaîne avec les interviews avant de repartir le lendemain pour une date à Seattle. Malgré le rythme intense imposé par les tournées, INJI garde une énergie intacte. « Monter sur scène et chanter, c’est tout ce qui compte. Peu importe si j’ai dû prendre l’avion juste avant, je ne me sens jamais fatiguée. » Son secret ? « Dormir partout. »

L’ironie et l’humour comme ingrédient 

« Mes paroles sont une réponse à la personne que j’étais. Je n’étais pas censée devenir musicienne. »

Dans ses paroles comme sur scène, INJI cultive un humour très personnel. Elle est montée sur la scène de Lollapalooza avec une pancarte portant sur une face son nom avec une flèche et de l’autre un « Bonjour » écrit au marqueur. Une attitude à mille lieux de ce qu’elle était avant de rencontrer son public sur TikTok — dans une vidéo dans laquelle, elle le précise, elle est en pyjama. Avant se lancer pleinement dans la musique : « J’étais à l’école en blazer, très sérieuse et assez stressée ». Elle l’avoue aujourd’hui : « Je n’avais même pas le courage de rêver de devenir chanteuse, même si c’était ce que je voulais vraiment. »

C’est ainsi qu’est née l’alter ego INJI : « Le personnage d’INJI, c’est presque l’opposé de moi. »

La musique lui offre donc une forme de libération : « Créer cette musique pour la première fois et me permettre d’être un peu ridicule m’a tellement libérée ». Même ses morceaux les plus tristes conservent une certaine légèreté : « Je ne peux pas écrire de chansons tristes. Je ne suis pas une personne émotive ou dramatique. Même ma musique triste reste drôle ». Cette légèreté apparente masque une force plus viscérale : une envie d’exploser, de secouer les normes — ce que l’hyper-pop lui permet enfin d’assumer.

L’hyper-pop comme exutoire 

« Je pense que la société est enfin prête à laisser les femmes exprimer leur colère. »

Dans sa biographie TikTok, INJI annonce la couleur : « Music you can scream along to ». Une promesse tenue par cette artiste adulée par un public majoritairement féminin et par la communauté queer. Elle se range dans les rangs d’une nouvelle génération de musiciennes prônant une expression libre et explosive. Elle cite implicitement Charli XCX parmi ses influences récentes : « L’année dernière a été phénoménale pour la musique. Tant de projets étaient si authentiques, si bruts. » Une période qui a aussi marqué un tournant personnel. « 2024 m’a beaucoup appris. En tant que femme, on a peur de son apparence, de ce que notre musique raconte… Mais j’ai appris à ne plus y penser. »

INJI sent qu’un nouveau climat s’installe dans l’industrie : « Le monde récompense aujourd’hui les femmes authentiques et intrépides. » C’est cette audace qu’elle cherche à incarner à son tour, « comme toutes [ses] icônes », glisse-t-elle en pensant à Amy Winehouse, son artiste favorite. Et elle ne compte pas s’arrêter là. « J’ai composé des morceaux très intenses, dansants, chargés d’émotion. » Avant de conclure avec excitation : « Dans les six prochains mois, je vais sortir beaucoup de musique ». 

De ses débuts en finance à l’hyper-pop, INJI est la preuve qu’on peut tout réécrire — y compris sa propre histoire. Avec elle, la pop devient un espace de liberté, de second degré, et de joie contagieuse. Pour ne rien rater de sa musique et découvrir les coulisses de sa création suivre : INJI sur TikTok et Instagram

Article de Julie Boone.