Que retenir de cette année 2025 en matière de mode ? 

Déc 23, 2025 | Brands, Fashion, Lifestyle, Style

2025 aura été une année particulièrement mouvementée pour la mode. Intelligence artificielle intégrée aux processus créatifs, collaborations inattendues, campagnes polémiques et rééditions de pièces cultes ont rythmé une année scandée par des temps forts surmédiatisés. Tandis que le marché de la seconde main poursuit sa croissance, l’arrivée de Shein au BHV Marais a suscité de vifs débats, mettant en lumière les contradictions d’un secteur tiraillé entre attractivité commerciale, image et éthique. Plus que jamais, la mode déborde du seul champ du vêtement : elle s’écrit simultanément sur les podiums, les écrans, façonnée par les logiques des plateformes digitales.

Maisons de luxe : l’ère des transitions permanentes

L’année 2025 prolonge et intensifie un mouvement amorcé les saisons précédentes : celui d’un jeu de chaises musicales quasi permanent à la tête des grandes maisons. À peine une nomination annoncée qu’une autre lui succède, donnant le sentiment d’un secteur en réécriture constante. Symbole de cette instabilité, Dario Vitale a récemment annoncé son départ de Versace après seulement huit mois au poste de directeur artistique. Quelques jours plus tôt, Olivier Rousteing quittait Balmain, refermant un chapitre majeur de l’histoire récente de la maison.

@chanel

Si les départs marquent des ruptures, les arrivées ont, elles, élargi le champ des possibles. L’arrivée de Matthieu Blazy chez Chanel cristallise de fortes attentes : celles d’un renouveau capable de dialoguer avec l’héritage de la maison tout en s’ancrant dans le présent. Chez Bottega Veneta, la prise de fonction de Louise Trotter apparaît comme l’une des transitions les plus  cohérentes de l’année. 

À l’inverse, le départ de Jonathan Anderson de Loewe a laissé un vide perceptible. La dynamique de la maison semble observer un léger ralentissement, visible notamment dans son recul de popularité. Le contraste est frappant avec Saint Laurent qui, sous l’impulsion constante d’Anthony Vaccarello, poursuit une trajectoire ascendante et s’impose plus que jamais comme l’une des marques les plus désirables du moment.

2025 et ses nouveaux fétiches 

À rebours d’une mode dominée par le récit et l’image, certaines pièces s’imposent par leur fonctionnalité autant que par leur visibilité. Les chaussures de running et de trail investissent durablement le quotidien, portées par une recherche de confort mais aussi par la capacité des marques à transformer des références techniques en marqueurs culturels. Nike retrouve une place centrale dans l’espace médiatique, notamment grâce à des collaborations ciblées, comme celle avec Jacquemus, qui redéfinissent les frontières entre performance, image et usage.

« It bag un jour it bag toujours »

@chloé
@chloé

Le sac Paddington de Chloé, réédité sous l’impulsion de Chemena Kamali, illustre parfaitement cette fascination pour les pièces des années 2010. Selon le rapport Lyst 2025, les recherches autour du sac ont bondi de +570 % dès sa relance, le plaçant parmi les accessoires les plus convoités de l’année. Cette visibilité traduit autant un attachement aux classiques qu’une appropriation par une nouvelle génération d’acheteurs et de figures influentes. Dans le même temps, les mocassins, et tout particulièrement ceux signés Saint Laurent et The Row, enregistrent également une progression spectaculaire dans les recherches, devenant à leur tour des pièces incontournables.

Mais 2025 ne se limite pas aux classiques : les Labubu, ces figurines qui ont envahi les feeds deviennent de véritables symboles générationnels. Ils traduisent une fascination pour les objets ludiques, enfantins même, rappelant que la mode ne se mesure plus uniquement en vêtements, mais aussi en gris-gris. 

Une mode moins centrée autour des capitales européennes 

Enfin, 2025 marque une ouverture plus nette vers des scènes longtemps périphériques. L’intérêt croissant pour des marques non occidentales, à l’image de Fancì Club, label vietnamien basé à Ho- Chi-Min. Les Fashion Weeks de Dubaï et de Shanghai gagnent également en crédibilité et en visibilité, s’imposant progressivement comme des plateformes à suivre.

@fanciclub
@fanciclub

Cette dynamique de décentralisation s’observe aussi en France, avec la première édition de la Slow Fashion Week de Marseille. Pensée en marge des circuits parisiens traditionnels, elle propose une autre manière d’envisager la création : plus locale, plus engagée, mais aussi plus ludique. Les défilés ne sont plus les seuls activités au programme, des talks et même des ateliers viennent enrichir cette semaine pas comme les autres. 

En définitive, 2025 n’aura pas été l’année d’une révolution spectaculaire, mais celle d’un ajustement profond. Une mode qui ralentit par endroits, se fragilise à d’autres, mais cherche surtout à redéfinir ce qui fait sens aujourd’hui : des créateurs attendus au tournant, des produits capables de durer, et un regard qui s’élargit enfin au-delà des (anciennes) capitales de la mode. Une transition, certes, mais peut-être plus consciente que les précédentes.

Article de Julie Boone