La casquette militaire : un couvre-chef toujours en service

Août 28, 2025 | Brands, Culture, Fashion

Visière courte, coupe molle ou géométrique, la casquette militaire reprend du service. Et elle ne se contente plus du traditionnel motif camouflage : carreaux Vichy, rayures ou teintes vives viennent désormais habiller ce couvre-chef au passé bien trempé. Un accessoire qui, génération après génération, continue de traverser les époques sans prendre un pli. Zoom sur un intemporel qui gagne encore des gallons de popularité.

Petite histoire de la casquette militaire 

Il faut remonter au XIXe siècle pour voir apparaître la casquette dans les rangs de l’armée. Elle se répand d’abord parmi les soldats des classes populaires, avant de séduire les gradés, lassés des couvre-chefs rigides et encombrants alors en vigueur, comme le shako ou le képi.

Avec sa coupe souple et son design épuré, la casquette « molle » s’impose comme une alternative pratique et fonctionnelle. Facile à plier, elle se glisse aisément dans une poche de pantalon. Son apparente simplicité cache une grande efficacité sur le terrain, et son design évolue selon les zones géographiques, les grades et les conditions de déploiement.

En France, le modèle le plus emblématique est un hybride entre le modèle 69 — standard de l’armée — et le modèle F1, tous deux pensés pour les opérations en extérieur. Surnommée « casquette des punis » par les militaires eux-mêmes, elle est aussi appelée « casquette de travail » ou « casquette de mécanos », en référence à son usage quotidien sur le terrain.

Au-delà de l’armée française, ce type de casquette devient également un symbole politique fort. En Chine, à Cuba ou en URSS, elle est adoptée par les régimes communistes comme accessoire d’uniforme, souvent portée en kaki et ornée d’une étoile rouge — une référence explicite à l’idéologie socialiste. Cette dimension symbolique a participé à forger l’aura mythique de la casquette militaire.

Une réactualisation pointue 

Des tranchées aux podiums, il n’y a parfois qu’un pas. Aujourd’hui, la casquette militaire revient sur le devant de la scène mode, loin des surplus militaires. Elle s’invite désormais dans les défilés et les garde-robes les plus pointues.

Exemple marquant : le défilé Louis Vuitton Homme printemps-été 2024, imaginé par Pharrell Williams. L’artiste et directeur artistique revisite l’imprimé camouflage dans une version néo-graphique, plus urbaine encore que militaire. Au cœur de sa vision : une casquette hybride entre la gavroche parisienne et le couvre-chef militaire, confirmant que l’accessoire n’a rien perdu de son pouvoir évocateur. Il devient même une pièce phare de la collection, car très commerciale, entre culture populaire et imaginaire guerrier.

La rue suit le pas. La créatrice de contenu française Zoé Guyot s’affiche régulièrement avec ce type de casquette, réinterprétée à sa façon. Tantôt rayée, tantôt colorée, souvent accessoirisée de pins — dont l’incontournable étoile rouge — elle l’associe à des pièces streetwear : Converse, veste Carhartt, pantalons larges… Le tout compose un look à la croisée des influences militaires, ouvrières et urbaines.

Military fever

La casquette militaire n’est pas un cas isolé. Son retour s’inscrit dans une tendance plus large : celle de la réappropriation du vestiaire militaire dans la mode contemporaine. Blousons d’aviateur, treillis ou parkas : ces pièces, autrefois réservées aux champs de bataille, se sont fondues dans notre quotidien jusqu’à en devenir presque anodines.

Ce glissement traduit une évolution plus large : les vêtements militaires ont peu à peu perdu leur charge guerrière pour devenir des symboles détournés. Le kaki ne rime plus avec autorité, mais avec utilité. Le camouflage s’éloigne de son objectif initial — disparaître — pour s’affirmer dans l’espace public.

Derrière cette banalisation, une réalité plus complexe : la militarisation croissante du monde, visible dans l’actualité. En réaction, la mode s’empare de ces symboles et les retourne. Porter une casquette de soldat devient parfois un acte paradoxal : une manière de détourner un vêtement conçu pour le conflit pour en faire un manifeste de paix. Le vestiaire militaire se retrouve réinventé pour habiller des corps civils, souvent en quête de force, d’identité ou de résistance.

De la caserne aux catwalks, la casquette militaire prouve qu’elle est bien plus qu’un simple accessoire utilitaire. Tour à tour fonctionnelle, politique, mode ou militante, elle continue de se réinventer. Un couvre-chef qui, visiblement, n’a pas fini de faire parler de lui.

Article de Julie Boone