Cette pièce indie sleaze fait un retour triomphant 

Nov 20, 2025 | Culture, Fashion, Style

Icône des années 2010 et chouchoute de l’esthétique indie sleaze ressuscitée par la Gen Z, la veste officier – ou plutôt la véritable veste hussard – réapparaît dans les vestiaires. Entre héritage militaire, rock britannique et profonde nostalgie, retour sur une pièce culte qui refuse d’être rangée au placard.

Au placard le style Y2K, place à l’Indie Sleaze 

Alors que la mode semblait tourner en boucle autour de l’esthétique Y2K, c’est finalement l’Indie Sleaze qui fait un retour remarqué. Ce courant, apparu au tournant des années 2010, se reconnaît à ses codes bien précis : vestes officiers, premiers it bags, figures emblématiques des it girls, maquillage « messy » à base de khôl et de mascara façon Taylor Momsen, bottes en cuir à clous, et jeans skinny qui dessinent une silhouette à la fois rock et désinvolte.

À l’époque, Kate Moss s’impose comme la prêtresse absolue de ce style. Curieusement, on ne l’appelait pas encore « indie sleaze » : le terme est plutôt rétrospectif. À l’époque, on parlait plutôt de style « indie » ou même de « hipster ». Comme l’a résumé un utilisateur de Reddit :

« Indie sleaze never existed until Gen Z invented it. We were all just called hipsters lol. »

Ce qui n’était qu’une esthétique spontanée et un peu chaotique est aujourd’hui devenu un mouvement ultra codifié dont la Gen Z tente de raviver l’essence.

Une légende militaire devenue un symbole rock

La pièce phare qu’on croyait redécouvrir sous le nom de « veste officier » est en réalité souvent une veste hussard, ou plus précisément un dolman — une veste courte, très ornée, inspirée du costume d’officier de cérémonie. Ornée de tresses dorées ou argentées, elle rime avec un certain prestige typique de l’uniforme militaire.

Comme beaucoup d’éléments venus du vestiaire martial — casquettes, treillis, boots — elle a d’abord été récupérée par les artistes. Dans les années 1960, Jimi Hendrix, Keith Richards ou Mick Jagger s’en emparent, détournant la pièce en véritable symbole rock. 

Au début des années 2000, la veste à épaulettes et galons refait surface. Chez Alexander McQueen, dès le printemps-été 2003, les silhouettes oscillent entre pirate et officier, comme sorties de l’écume ou d’un after.

@alexandermcqueen

De l’autre côté de la Manche, Balmain adopte à son tour cette pièce iconique sous la direction de Christophe Decarnin, qui insuffle une énergie rock et profondément contemporaine à la maison. La silhouette typique de la fin des années 2000 ? Balmain — avant même que la Balmain Army d’Olivier Rousteing ne prenne le relais. Decarnin en avait déjà préparé le terrain.

Du placard à archives aux collections actuelles 

Aujourd’hui, on ne ressort pas seulement les vestes d’époque : on exhume tout l’arsenal de l’ère indie sleaze. Parmi les artefacts de retour : les célèbres plateformes vertigineuses Jeffrey Campbell.

@balmain
@balmain

Les boutiques vintage comme les plateformes de seconde main surfent évidemment sur cette vague. Mais les créateurs eux-mêmes s’y replongent volontiers : c’est notamment le cas chez McQueen, où Sean McGirr réinterprète la pièce à sa manière.

Comment s’approprier la tendance aujourd’hui ?

Pour adopter cette pièce sans tomber dans l’uniforme ou la reconstitution historique, l’enjeu est de désamorcer son héritage militaire. La veste reste une pièce forte : elle doit capter l’attention tout en s’intégrant à une silhouette contemporaine.

On peut jouer sur les proportions en l’associant à un jeans oversize, dont le volume crée un contraste intéressant avec la coupe ajustée du dolman. Le reste de la tenue peut rester volontairement épuré : un t-shirt blanc ou un débardeur bien coupé suffit à équilibrer l’ensemble. Le but est de laisser la veste occuper le devant de la scène.

@hodanyousuf
@rubipigeon

Certaines choisissent au contraire d’assumer pleinement l’héritage rock du vêtement. C’est le cas de la styliste et créatrice de contenu Laura Le Marquand, qui opte souvent pour un total look noir. 

Qu’on mise sur la sobriété ou sur une allure plus pointue, l’essentiel est de conserver une forme de simplicité autour de la veste, afin de faire ressortir son caractère exceptionnel.

Aujourd’hui, elle renaît à travers l’esprit désordonné et audacieux du début des années 2010, ouvrant un nouveau chapitre pour une pièce qui a déjà vécu mille vies. Entre héritage militaire, rock et ère des micro-tendances, le dolman prouve que certaines pièces ne se contentent pas de revenir : elles continuent d’écrire leur propre histoire, génération après génération.

Article de Julie Boone