Le revival du polo sport 

Juil 31, 2025 | Culture, Fashion, Lifestyle

Lacoste, Ralph Lauren, Fred Perry. Le polo revient en force, porté avec des baggies, des sneakers montantes ou des pièces workwear. À mi-chemin entre héritage bourgeois et streetwear, il signe un retour remarqué cette saison. Décryptage d’un vêtement qui joue sur plusieurs tableaux. 

Aux origines du polo 

Né sur les courts de tennis dans les années 1920, le polo tel qu’on le connaît aujourd’hui doit beaucoup à René Lacoste. À l’époque, les joueurs disputaient leurs matchs en chemise et cravate. Sportif visionnaire, Lacoste révolutionne la tenue de tennis en imaginant un haut à manches courtes en coton piqué, léger et respirant. Lorsqu’il met fin à sa carrière pour fonder sa marque, Lacoste commence à décliner le polo dans une palette de couleurs inédites — il était initialement blanc — et le fait sortir des courts à la conquête d’un nouveau public. 

De l’autre côté de la Manche, une autre évolution voit le jour dans les années 1950 : la marque britannique Riviera propose une version estivale du polo, plus fine, avec une poche plaquée et un bouton en moins. Il quitte alors la terre battue pour investir les stations balnéaires et les garde-robes de vacances. Il devient un vêtement associé à la détente, à porter sur le littoral.

À partir des années 1960, le polo connaît un essor mondial et une appropriation sociale plurielle. Il est adopté aussi bien par les élites américaines — à l’image du président John F. Kennedy, incarnation du style preppy — que par les étudiants des universités de l’Ivy League. La marque Ralph Lauren contribuera largement à en faire un symbole du chic américain. Simultanément, en Jamaïque, les rude boys s’approprient le polo dans des versions crochet souvent très colorées. Des hautes sphères à la rue, le polo est massivement adopté par la gente masculine. Il faudra attendre les années 2000 pour qu’il intègre les vestiaires féminins. 

Sur les podiums 

Le retour du polo sur le devant de la scène s’amorce dès la collection printemps-été 2024 de Miu Miu. La maison italienne réinvente la pièce en jouant avec les superpositions : un polo porté sous ou sur une chemise, col sur col et manches retroussées. L’ensemble se porte sur une micro-jupe ou un short de plage, dans un esprit désinvolte, savamment orchestré. L’assemblage fonctionne tout aussi bien avec un jean brut pour une silhouette plus citadine.

Depuis, le polo a continué de s’imposer sur les podiums. Chez Balenciaga, pour la collection printemps-été 2025, Romeo Beckham défile dans un modèle cropped à rayures roses, col relevé à la manière des années 2000. De son côté, Loewe mise sur une version mini en laine grise, soulignant le potentiel sensuel de cette pièce en apparence sage.

La tendance gagne aussi les collaborations : Comme des Garçons s’allie à Fred Perry, marque iconique du polo britannique. Une rencontre inattendue qui confirme que le polo est loin d’avoir dit son dernier mot.

Le porter c’est l’adopter

Comme Kim Petras dans son morceau Polo, « You wanna get me out my polo shirt — My polo and my mini skirt », le polo se porte donc aussi au féminin. Comme la chanteuse, on peut opter pour un look Y2K composé d’une mini jupe et de talons à plateforme. Le polo, lui, est si près du corps qu’il révèle la couleur des dessous. 

Au féminin, il peut aussi bien se conjuguer en oversize. La styliste et influenceuse Marie-Victoire Tiangue l’aime coloré ou à rayures. Pour le décaler sans perdre en confort, on ouvre tous les boutons et on dévoile la peau. Si le col le permet on l’ajuste sur une épaule pour une pointe d’originalité. 

Minimal ou coloré, près du corps ou oversize, le polo coche toutes les cases de la pièce caméléon. En un look, il peut évoquer l’Ivy League ou flirter avec le vestiaire rave Y2K. Mais c’est justement dans ce grand écart qu’il se réinvente. En 2025, on le porte avec des plateformes, un bermuda baggy, un col tordu ou les manches retroussées. Une pièce hybride à détourner sans mode d’emploi.

Article de Julie Boone