PFW SS26 : ce qu’il faut retenir de cette première journée 

Sep 30, 2025 | Brands, Fashion, Style

Entre shows officiels et propositions hors calendrier, la première journée de la Paris Fashion Week donne le ton. Cinq marques, cinq manières d’envisager le printemps-été 2025.

Un coup d’envoi anticipé 

La Fashion Week de Paris a officiellement débuté ce lundi 29 septembre. Pourtant, les premières propositions ont émergé dès la veille. Comme à chaque édition, un réseau parallèle d’événements gravitent autour du calendrier officiel, et certains créateurs choisissent de devancer l’appel. C’est le cas de Rohan Mizra, qui a présenté sa collection dès dimanche.

Ancien étudiant de l’École Duperré, Mizra travaille à la croisée du réel et du virtuel, du corps et de l’avatar. On lui doit déjà plusieurs collaborations remarquées, notamment avec Jean-Paul Gaultier ou Mowalola, souvent autour d’accessoires en 3D. Une approche qui séduit aussi du côté de la musique, où ses créations s’invitent sur les pochettes d’album et dans les clips. Les lunettes rouges façon masque sur la couverture de l’album de La Fève ? C’est lui. La casquette transparente sur celle de Théodora ? Encore lui. Dernier coup d’éclat en date : une paire customisée pour Beyoncé pour sa dernière tournée.

Cette saison, le créateur présentait « Stonehaven », une collection immersive, dévoilée autour d’un catwalk en spirale, en forme de @. Silhouettes mutantes, textures hybrides, détails gores : Mizra continue d’explorer une esthétique post-humaine, dystopique, qui a donné le ton dès cette ouverture officieuse mais remarquée. Parmi les surprises du show : la chanteuse Théodora, qui foulait pour la première fois un podium.

Les « Irrésistibles favorites » de Weinsanto

Weinsanto ouvrait la journée avec sa collection intitulée « Les irrésistibles favorites ». Fidèle à son univers, le créateur met à l’honneur la silhouette corsetée, un héritage clair de son passage chez Jean-Paul Gaultier.

Cette saison, les contrastes se font plus saisissants : robes fluides et drapées cohabitent avec des crinolines rigides, parfois laissées apparentes, créant une tension subtile entre structure et mouvement, opacité et transparence. Même le maquillage semble directement inspiré du XVIIIe siècle. Le casting attire également l’attention : la présence de figures comme Nicky Doll illustre la volonté de la marque de porter une inclusivité joyeuse — un enjeu toujours pertinent dans le paysage mode actuel. 

Imparfaites, et alors ?

Autre temps fort de la journée : le défilé de Julie Kegels, sous le pont de Bir-Hakeim, devant un parterre d’invités triés sur le volet — dont Rosalía, assise aux côtés de Lyas.

La collection, intitulée « Quick Change », porte bien son nom. Les mannequins donnent l’impression d’avoir été surprises en pleine préparation : jupes coincées dans les sous-vêtements, paillettes encore visibles sur la peau, tee-shirts à moitié enfilés. Certaines ajustent même leur tenue en direct, faisant tomber des manches ou déplaçant des couches. Les soutiens-gorge se portent par-dessus les tops, les housses de pressing se transforment en sacs XXL. Une esthétique de l’imperfection assumée, du geste interrompu, presque volé. Un pied-de-nez au culte de la « clean girl » et à son obsession de la maîtrise, grande tendance du début d’année.

Les années 1980 reviennent en force

Une tendance semble se dessiner dès cette première journée : les années 1980 s’invitent à nouveau sur les podiums. Lignes épaulées, tailles marquées, volumes dramatiques : plusieurs marques — Saint Laurent, Vautrait, Vaquera — font converger leurs références.

Déjà amorcé la saison dernière, le virage vers une silhouette plus structurée se confirme chez Saint Laurent. Le show de clôture du jour aligne 18 silhouettes full cuir en ouverture. Trenchs fermés jusqu’au cou, perfectos massifs, jupes droites, manches ballon et nœuds XXL donnent le ton.

Chez Vautrait, l’ambiance est plus minimaliste, mais les références similaires. Une robe blanche fluide, à pois, structure la silhouette avec des épaules rembourrées. Les bijoux flirtent avec l’absurde : une boucle d’oreille en forme d’oreille, par exemple. Le foulard se noue sur la tête, les trenchs se portent col relevé, les pantalons s’ajustent à la cheville.

Enfin, Vaquera poursuit sa rentrée hyper-active : après une collaboration avec Dsquared2 à Milan et le lancement du parfum « Classique perdu » avec Comme des Garçons, le label new-yorkais présentait à Paris une collection toujours aussi joyeusement chaotique.

Au menu : demi-robes, nœuds géants en guise de ceinture, colliers oversize mêlant doré, perles et pierres. Une robe bustier col bateau, manches bouffantes et foulard noué sur la tête complètent l’allure, à mi-chemin entre la party girl des 1980s et la femme pirate. 

La saison mêle références passées et innovation. Entre besoin de repères et désir de rupture, cette tension s’annonce comme le fil rouge de la semaine.

Article de Julie Boone.