Echos of Darkness : le film de Thomas Gerard récompensé par Nowness x Nike x Courir 

Nov 25, 2025 | Brands, Culture, Interview, Talents

Thomas Gerard, réalisateur et photographe, fait partie des trois lauréats de l’appel à projet Nowness x Nike x Courir invitant de jeunes talents à imaginer un court-métrage autour d’un parcours inspirant. Son film Echoes of Darkness a été présenté lors de la soirée Contre-Courant au Grand Palais Immersif, aux côtés d’une projection du film du duo Kourtrajmeuf autour de la designer Garance Vallée. Pensée comme une célébration de la créativité française, la soirée a mis en lumière la pluralité des approches artistiques. Pour Thomas, cette sélection représente une reconnaissance de son travail à l’intersection du cinéma et de la photographie, offrant un regard sensible sur le geste et l’intimité d’un artiste, et révélant la vision singulière d’un réalisateur capable de faire dialoguer plusieurs disciplines.

Une oeuvre pluridisciplinaire 

Et si les arts correspondaient ? Qu’en mettant un pied dans une discipline, on puisse accéder à toutes les autres ? Echoes of Darkness de Thomas Gerard est comme une fenêtre, non pas sur cour, mais donnant directement sur l’atelier du peintre Alexis Ralaivao. Le réalisateur parle même d’une volonté de « faire le pont avec la peinture ». Par le biais de sa caméra, c’est tout un monde qui se dévoile. Une intimité aussi. Celle de l’atelier où discipline et fougue s’entrechoquent. Avant de capturer ces moments, c’est d’abord en échangeant, notamment autour de leurs processus créatifs, que les deux hommes ont établi leur point de rencontre. 

On s’est tous les deux fait confiance. J’avais beaucoup d’idées de mise en scène à lui proposer, et lui a travaillé librement dans le cadre du découpage défini en amont.

Le film commence par deux plans en noir et blanc avant de passer à la couleur via un fondu. On remarque aussi l’alternance entre des images rapides — presque comme des flashs — et des plans plus longs où l’on voit Alexis travailler. Cette immédiateté à l’écran n’est toutefois pas à confondre avec une improvisation au moment du tournage. Chaque plan, « la plupart des idées étaient déjà sur papier avant même de tourner » confirme Thomas. 

@thomasgerard

Il y a toujours une part d’aléa le jour du tournage et des trouvailles au montage, mais […] travailler sur pellicule reste exigeant. 

Si on en prend plein les mirettes, nos oreilles ne sont pas non plus en reste face a Echoes of Darkness. Pensé par le compositeur et designer sonore Maxime Rogron aka Delawhere, l’univers de cet autodidacte du piano qui semble tout droit venu d’une autre galaxie, accompagne magnifiquement la pratique du peintre. Et, en plus d’être un pont vers la peinture, ce film offre un accompagnement sonore qui vient encore renforcer sa dimension pluridisciplinaire

J’essaie toujours de donner une motivation à mes personnages, et cela passe souvent par une histoire et le rythme qui en découle.

@thomasgerard

Dans le dédale du Grand Palais Immersif, Thomas a partagé sa sélection à l’appel à projet Nowness x Courir avec deux autres réalisateurs — Harrison Garret et Marion Renerre — qu’il nous confie avoir découvert le soir même. Il retient tout particulièrement que « c’était très chouette d’avoir trois manières assez différentes de représenter la création » avant de conclure qu’il a « beaucoup de chance d’être à leurs côtés ». 

Une double pratique 

La réalisation n’est pas la seule activité de Thomas qui partage d’ailleurs cette particularité avec Marion, autre lauréate de l’appel à projet. Pour lui, la photographie s’inscrit totalement dans « la continuité de [son] travail ». Dans une pratique comme dans une autre, Thomas cherche à « construire [des] images comme une matière que l’on peut tordre à volonté ». Selon lui, « le flou apporte une distorsion de la réalité dans laquelle naissent des formes et des textures inédites ».

@thomasgerard
@thomasgerard

Cette recherche d’images résonne d’ailleurs avec le thème de la soirée, Contre-Courant, titre du film du duo Kourtrajmeuf. Une notion qui invite à interroger la position du créateur face au réel : faut-il s’en écarter pour trouver sa voie, ou simplement apprendre à regarder autrement ? Pour le réalisateur, « c’est difficile à dire, parce qu’à chaque création on fait appel à ses inspirations, mais d’un autre côté on essaie de trouver sa propre voix et de s’émanciper des projets déjà existants ». 

Être à contre-courant, pour moi, ce n’est pas forcément aller à l’opposé de tout, mais plutôt chercher un angle singulier, une manière personnelle de regarder le réel.

Echoes of Darkness est une fenêtre ouverte sur la création, un espace où peinture et cinéma se répondent et où chaque geste, chaque couleur et chaque flou racontent une histoire. Thomas Gerard y capte l’intimité de l’atelier tout en insufflant à son film une dimension musicale et pluridisciplinaire. Dans cette quête de singularité, il rappelle que créer, c’est toujours chercher son propre chemin — parfois à contre-courant — et que la rencontre entre différents médiums peut révéler des formes et des textures inédites, autant pour l’artiste que pour ceux qui le regardent.

Pour ne rien rater du travail de Thomas : @thomasgrrd

Article par Julie Boone.