Le soutien-gorge visible, nouvelle pièce maîtresse des tendances hivernales ?

Déc 16, 2025 | Brands, Fashion, Style

Longtemps relégué à l’invisible, le soutien-gorge s’est offert ces dernières saisons un retour très remarqué. Non plus dissimulé sous les vêtements ou soigneusement camouflé sous des matières opaque, mais pleinement assumé, intégré aux silhouettes du quotidien comme à celles des podiums. Ce qui aurait autrefois été perçu comme une faute de style est devenu un véritable geste d’affirmation. Entre ré-interprétation d’archives rétro, détournement de codes dits « féminins » et envie de reprendre le contrôle sur son image, montrer son soutien-gorge n’a plus rien d’un accident vestimentaire. C’est un choix, et surtout une manière d’habiter son corps autrement, plus librement.

Renverser les codes de la féminité traditionnelle 

Détourner les attributs d’une féminité dite « classique », renverser ce qui paraît si solidement établi, redonner du pouvoir à des pièces longtemps associées à la contrainte : c’est l’un des fils rouges du travail de Miuccia Prada. Après avoir fait du tablier — symbole par essence du travail domestique — une pièce forte de la collection Printemps-Été 2026, la créatrice italienne s’est tournée vers le soutien-gorge. Et plus précisément vers le bullet bra, ce modèle conique né dans les années 1940 et popularisé dans la décennie suivante par des personnalités comme Marilyn Monroe. Chez Miu Miu, lors du défilé Automne-Hiver 2025, les poitrines pointues s’affichaient sous les tops. S’il faisait partie intégrante du paysage mode au milieu du XXe siècle, il dénote fortement aujourd’hui. Et c’est précisément ce décalage qui intéresse Miuccia Prada. 

@miumiu
@miumiu

Aujourd’hui, l’obsession est plutôt du côté des sous-vêtements « seconde peau », presque invisibles. En témoigne le succès fulgurant de Skims. Miuccia Prada, elle, choisit l’exagération là où la tendance prône plutôt la discrétion. Montrer un bullet bra en 2025, c’est montrer une alternative, mais aussi rappeler l’histoire chargée de ce vêtement, tour à tour outil d’oppression et symbole d’émancipation.

Le soutien-gorge a longtemps été pensé pour disparaître : cousu dans des matières « seconde peau » ou encore choisi nude pour se fondre. Aujourd’hui, de plus en plus de créateurs l’envisagent comme une pièce à part-entière du dressing féminin, au même titre que le pyjama qui se porte désormais de jour comme de nuit, dans le privé comme en public. 

Du dessous au devant de la scène

Chez Fancì Club, il se porte avec une jupe crayon ou sous un blazer oversize façon The Attico. On peut également l’associer à un top pour qu’il se devine simplement derrière la transparence. En mode soirée, on le choisit en satin, en cuir ou encore brodé de strass pour un effet clinquant. Pour certaines, cette visibilité n’est pas seulement une question de mode. Elle est devenu un moyen de se réconcilier avec son corps. La créatrice de contenus Lilas Villeneuve, par exemple, affirme haut et fort son droit de montrer ses soutiens-gorge. Elle en a même fait sa signature.

@theattico
@theattico

Mais il n’est pas toujours nécessaire de montrer toute sa structure pour faire de l’effet. Une bretelle qui dépasse, une épaule qui se dévoile à peine… On donne l’impression d’un détail laissé au hasard alors que tout est parfaitement maîtrisé. C’est discret, un peu malicieux, mais l’allure se voit bouleversée.

@fanciclub
@fanciclub

Si le soutien-gorge s’est affiché partout ces dernières saisons, ce n’est pas uniquement grâce à une tendance éclair. Il reflète un véritable changement dans la manière dont on s’habille, dont on se regarde, et dont on s’autorise à exister pleinement dans son corps. Le soutien-gorge désormais visible raconte une envie de liberté, d’appropriation et d’affirmation de soi. Il ne cherche plus à disparaître derrière les vêtements ou les conventions ; au contraire, il revendique sa place et, avec lui, celle de toutes celles qui le portent avec confiance.

En ouvrant un nouvel espace où le vêtement intime cesse d’être discret, le soutien-gorge n’est plus seulement dessous : il prend désormais toute la lumière.

Article de Julie Boone.